La municipalité de Derby fait durer le suspense 

(DERBY) Plusieurs citoyens de Stanstead, à commencer par le maire de la ville, Philippe Dutil, ne peuvent qu’être déçus de la tournure des événements lundi lors de l’assemblée du conseil de la municipalité américaine de Derby.

Le bruit courait depuis quelques jours que les membres du conseil de la municipalité de Derby, voisine de Stanstead, tiendrait un vote au sujet du controversé projet éolien de la compagnie Encore Redevelopment. La rumeur voulait même que les opposants au projet remporteraient une courte victoire.

Cependant, au terme d’un interminable débat d’une durée de deux heures, les membres du conseil ne se sont pas prononcés sur le projet. Ils ont plutôt demandé à l’avocat Richard Saudek, qu’ils ont engagé pour conduire ce dossier, d’engager un dialogue avec le Vermont Public Services Board et Encore Redevelopment.

La municipalité aimerait notamment savoir s’il est vrai que le promoteur a maintenant l’intention de ralentir la cadence et qu’il ne désire plus amorcer la construction des deux éoliennes planifiées cette année. Ces informations ont circulé durant les derniers jours, mais aucun document officiel n’attesterait ce désir.

Déplorant vivement la façon de faire du promoteur au cours des derniers mois, la conseillère Karen Jenne a néanmoins proposé un premier vote sur le projet. Le but recherché était de bloquer la route à Encore Redevelopment, mais sa proposition de résolution n’a pas obtenu suffisamment d’appuis.

Son collègue Steve Gendreau a par la suite suggéré de tenir une consultation référendaire parmi la population afin de savoir comment les gens perçoivent le projet, mais cette idée a également été rejetée.

Venue de Stanstead pour assister à l’assemblée, Linda Hartley a pour sa part soutenu devant la soixantaine de participants à la rencontre que l’opinion des Canadiens comptait trop peu aux yeux des décideurs locaux.

«Les Canadiens ne sont pas inclus dans votre réflexion. Comment vous sentiriez vous si on construisait une éolienne près de votre maison?»

«Les Canadiens ne sont pas inclus dans votre réflexion. Comment vous sentiriez vous si on construisait une éolienne près de votre maison? Il y a beaucoup d’argent impliqué, mais on se demande où est l’humain dans cette histoire», a lancé Mme Hartley hier.

Rappelons que, selon les informations dévoilées durant les dernières semaines, des maisons construites au Québec, près de la frontière canado-américaine, se trouvent à une distance de moins de 300 mètres d’un ou l’autre des deux sites qui accueilleraient les éoliennes.

Présent à l’assemblée d’hier, le maire de Stanstead, Philippe Dutil, est sorti déçu de la rencontre. «Je pensais qu’il y aurait un vote. On va par contre travailler encore plus fort pour faire tomber ce projet», a-t-il assuré.

Ayant peu fait transparaître son opinion hier, le président du conseil, Brian Smith, a indiqué que deux éléments primaient pour lui dans ce dossier. «Les deux éoliennes seraient construites sur une propriété privée et c’est important pour moi cette dimension. L’autre enjeu à mon sens, c’est la santé», a-t-il déclaré.